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Après une intervention bouleversante
© Patrick Decorte

Après une intervention bouleversante

En tant que policier, ambulancier, pompier, … vous avez vécu un événement bouleversant émotionnellement. Vous avez essayé de le digérer seul ou avec le soutien de proches. Vous estimiez en effet que cet évènement devait a priori passer comme d’autres. 

Voici quelques conseils, quelques questions pour vous aider à faire le point. Devriez-vous entrevoir de faire un choix différent ? Le choix de vous faire accompagner par un professionnel de la santé (mentale), si cela s’avère finalement nécessaire pour vous et votre entourage. Comment le savoir ?

Certains signes ne trompent pas

En ne s’attardant que sur le volet professionnel, vous remarquez peut-être que vous allez moins bien depuis quelques temps. Votre entourage y fait allusion ou vous en parle.
A titre d’exemple, vous êtes :

  • Toujours en état d’alerte
  • Plus anxieux, davantage en retrait, moins concentré
  • Moins confiant dans vos interventions
  • Plus émotif, irritable, moins positif, indifférent
  • Plus souvent impliqué dans des conflits
  • Plus fatigué
  • Confronté à des images qui vous reviennent et qui vous dérangent
  • Plus enclin à manger, boire, fumer d’une manière négative

Ces signes attestent que quelque chose se passe et mérite votre pleine attention !

Quelques questions utiles à se poser

Répondre à ces questions, seul ou avec une personne de confiance, peut vous aider à faire les liens nécessaires, pour prendre conscience de la nécessité d’aller consulter un professionnel :

  • Depuis quand avez-vous changé ?
    Est-ce depuis le moment où vous avez vécu ce choc émotionnel ?
    En quoi cet évènement vous a-t-il rappelé une intervention antérieure bouleversante ?
    Est-ce en lien avec votre vie personnelle ?
  • Quels liens pouvez-vous faire entre le moment où vous avez commencé à vous sentir moins bien et ce que vous viviez à ce moment-là dans votre vie professionnelle et/ou personnelle ?
  • Quels sont les commentaires de ceux qui vous connaissent bien (conjoint(e), collègue, supérieur, ami(e)) ? En étant à leur écoute, ont-ils vu juste ?
  • Quels sont les changements qui vous ont échappé ?

Après avoir répondu à ces questions : que pensez-vous ? que ressentez-vous ? qu’allez-vous faire ?

Quels sont vos besoins pour aller mieux ?

Pour les identifier, vous pouvez ici aussi, vous adresser à une personne proche en qui vous avez confiance et qui ne vous jugera pas. Si vous avez fait le lien avec une intervention qui vous a choqué(e), bouleversé(e), traumatisé(e), il vous est possible de ne pas en parler en détails.

Vous pouvez aussi, pour vous sentir plus à l’aise, choisir le moyen pour vous exprimer : lors d’une rencontre, par texto, par message vocal, par mail… pour simplement dire que vous n’allez pas bien et pourquoi pas demander le soutien de cette personne pour identifier vos émotions.

Est-ce un soutien émotionnel, de divertissement, d’aide concrète ?
Voici quelques exemples :
Besoin d’être écouté ; besoin de partager une activité ludique avec un ami ; besoin de conseils ou d’informations ; besoin d’être accompagné chez un supérieur, un médecin ; besoin d’un aménagement temporaire de votre travail ; besoin de réinvestir certaines techniques opérationnelles comme la maîtrise de la violence, …

Auprès de qui obtenir le soutien dont vous avez besoin ?

Dois-je rester au travail ?

La seule véritable réponse à cette question doit venir de vous. Chaque personne / intervenant est différent(e) et réagit de façon unique à un évènement bouleversant selon différents facteurs de risque et de protection. En conséquence, le vécu de chacun doit faire l’objet d’une approche personnalisée, dans la mesure du possible, les réactions pouvant être immédiates, absentes voire se manifester beaucoup plus tard. L’un(e) aura besoin de s’arrêter de travailler pour pouvoir se rétablir alors que ce ne sera pas le cas pour quelqu’un d’autre. De là, l’importance de ne pas se comparer.

Quelques questions pour vous aider dans votre réflexion

  • Etes-vous vraiment prêt à revivre un autre évènement potentiellement traumatisant en continuant à faire votre travail habituel ?
  • Avez-vous l’énergie nécessaire pour revivre un autre évènement ?
  • Etes-vous capable d’effectuer l’ensemble de vos tâches actuelles en toute sécurité pour vous et vos collègues ?

N’hésitez pas, si vous êtes incertain de ce qui est mieux pour vous dans votre situation, à en parler avec votre supérieur, un médecin, un psychologue, un psychothérapeute.

Quand consulter des professionnels ?

Certains évènements peuvent avoir un impact considérable et durable sur certaines personnes.
En ce qui vous concerne, si les symptômes/réactions augmentent, plutôt que de diminuer avec le temps, c’est qu’ils revêtent peut-être une signification personnelle pour vous. Il est alors peut-être bon d’opter à un certain moment pour une aide professionnelle (médecin, psychologue, psychothérapeute).

Cela ne signifie pas pour autant que vous soyez malade. En décider ainsi est une force et non une faiblesse. C’est aussi reconnaître que vous avez fait de votre mieux jusque-là, mais qu’il est temps de vous outiller autrement tant pour vous, votre entourage professionnel, vos proches, que pour les citoyens à qui vous allez continuer d’apporter votre aide en tant qu’intervenant de première ligne.

Article suivant : Evènement traumatique : de l’importance du soutien social !

Thierry DEROUA
Commissaire divisionnaire e.r.
Trainer en attitude coachante
Praticien en Relaxothérapie ® - Accompagnement du Stress et du Traumatisme

Cet article vient en complément de publications antérieures
Le stress traumatique du personnel de secours : comment le reconnaître ?  
Prévention du traumatisme pour le personnel de secours : que faire ?  
La prise en charge d'un intervenant traumatisé est spécifique !