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Les drogues du viol, de quoi parle-t-on ?
© Quentin Peeters

Les drogues du viol, de quoi parle-t-on ?

Le viol ou les attouchements sexuels sous influence de substances psychoactives. De quelles drogues s’agit-il ? Quels sont leurs effets ?

Le mouvement initié par #Balancetonbar en 2021, et suivi par d’autres, a ouvert la voie de l’expression aux victimes de viol et d’attouchements sexuels sous soumission chimique. Ce phénomène longtemps considéré comme marginal, voire comme relevant de la rumeur, apparaît aujourd’hui en augmentation.

Le GHB et le GBL surnommés « drogue du viol », sont des substances psychoactives utilisées pour soumettre une personne à son insu, en les diluant dans une boisson. D’autres médicaments, détournés de leur usage premier, sont également concernés. 

GHB et GBL, de quoi parle-t-on ?

  • Le GHB (gammahydroxybutyrate) est à l’origine un anesthésiant utilisé en médecine pour ses qualités sédatives. Il est également utilisé dans le traitement de certains troubles du sommeil, de la perte soudaine de tonus musculaire sans perte de connaissance (cataplexie), de la fibromyalgie, des dépendances à l’alcool et aux opiacés.
    Il est classé dans la catégorie des stupéfiants en France et en Belgique.
    Le GHB est un dépresseur (il ralentit le fonctionnement du corps). Bien qu’appelé parfois « ecstasy liquide » ou « MDMA liquide », le GHB n’a aucune parenté chimique avec l’ecstasy qui est un stimulant.
  • Le GBL (gamma-butyrolactone) a remplacé progressivement le GHB. Une fois absorbé, il est métabolisé dans notre organisme en GHB. C’est pourquoi on dit qu’il en est son précurseur.
    C’est un produit industriel utilisé dans les solvants et décapants. Bon marché, il est d’un accès plus aisé que le GHB classé comme stupéfiant. Sa vente reste légale en Belgique alors qu’il est interdit à la vente « grand public » en France. Il est possible de s’en procurer sur Internet. Il est usuellement appelé GHB.

Présentation

  • Le GHB, destiné à être dilué, se présente sous forme liquide et plus rarement sous forme de poudre ou granules, en capsules, rapidement solubles. Le GHB est incolore et inodore. Son léger goût salé et savonneux passe inaperçu lorsqu’il est dilué dans une boisson sucrée ou dans un alcool.
  • Le GBL se présente uniquement sous la forme d’un liquide visqueux. Tout comme le GHB, il est incolore mais présente une odeur forte et un goût chimique prononcé. Le goût est toutefois souvent indétectable en raison de la dilution importante du liquide dans le contenu d’une boisson sucrée ou alcoolisée.

Effets 
Les effets du GHB et du GBL sont identiques. Ceux du GBL peuvent toutefois être plus rapides, plus puissants et plus imprévisibles que ceux du GHB, selon les individus. L'utilisation excessive et prolongée conduit à la tolérance et à la dépendance physique.

  • A faible dose, le GHB relaxe, euphorise, désinhibe. Il amplifie l’empathie et le désir de contact, facilite la communication et stimule le désir sexuel.
  • A dose modérée, il occasionne des vertiges, une incoordination motrice, des difficultés à s’exprimer, de la confusion, des nausées et des vomissements, des étourdissements et de la somnolence.
  • A forte dose, il entraîne des tremblements incontrôlables, des troubles de la coordination, des convulsions, une dépression respiratoire et un ralentissement de la fréquence cardiaque.
  • Dans les cas d’intoxication aiguë, il peut provoquer une perte de connaissance et/ou de conscience communément appelée « G-Hole », pouvant durer une ou deux heures, le coma, voire le décès par arrêt cardiaque ou respiratoire.

De la période où la victime était sous l’effet de la substance, elle ne conserve que de vagues souvenirs, le plus souvent sous forme de flash, voire aucune trace. Les victimes disent fréquemment : « je me souviens avoir pris un verre et puis, c’est le black-out. »

Les facteurs contribuant aux effets du GHB/GBL

  • La quantité. Plus la quantité consommée de GHB / GBL est importante, plus les risques de G-Hole, de coma et de décès sont accrus. L’écart est très faible entre la dose générant les effets recherchés (par le consommateur volontaire ou pour l'agresseur chez sa victime) et une dose toxique.
  • La qualité. Si le produit a été acquis sur le marché noir, son réel contenu reste une inconnue quant à sa concentration, à la présence d’autres substances.
  • Le rythme d’absorption. Ainsi, une boisson contenant du GHB / GBL aura des effets plus rapides si elle est bue d'une traite plutôt que par petites gorgées.
  • Les caractéristiques individuelles. Une même dose de GHB / GBL peut entraîner une intoxication aiguë chez une personne et pas chez une autre. Elle aura des effets plus importants chez un primo-consommateur que chez un « régulier ». Le poids, l’âge, la taille, le sexe, l’état de santé, la condition physique et mentale, la personnalité, le mode de vie, la génétique, etc… ont également une influence.
  • La synergie entre le GHB / GBL et l'alcool, des calmants, des opiacés potentialise fortement leurs effets dépresseurs et donc les risques d’overdose.

Apparition et durée des effets du GHB/GBL

  • Les effets du GHB apparaissent habituellement endéans les 30 minutes après l’ingestion. Dans les 5 à 10 minutes, si la victime est à jeun, ou si la quantité absorbée est importante, ou si la boisson est consommée d’une traite.
    Les effets perdurent de 1 à 4 heures pour des doses faibles à modérées et jusqu’à 24 heures en cas d’intoxication grave. Généralement, la rémission est complète dans les 8 heures suivant la consommation.
  • Les effets du GBL apparaissent et s'estompent plus rapidement (en 1 à 2 heures) que ceux du GHB.

La détection du GHB/GBL dans le corps

Le GHB / GBL, étant rapidement métabolisé par l'organisme, reste décelable 6 à 8 heures dans le sang ,10 à 18 heures dans les urines et durant 2 semaines dans les cheveux.

Les autres drogues du viol 
Derrière l’appellation générique de « drogue du viol » se cachent également différents types de médicaments détournés de leur usage. On y retrouve ainsi les :

  • Benzodiazépines : substance myorelaxante, anxiolytique, antidépressive, sédative, hypnotique, anticonvulsivante et/ou amnésiante.
  • Analgésiques,
  • Anesthésiques
  • Antihistaminiques (plus rarement).
    Ces molécules lèvent l'inhibition, provoquent des pertes de connaissance et induisent des amnésies, en particulier lorsqu'elles sont prises avec de l'alcool. Elles sont détectables plus facilement que le GHB/GBL, même au-delà de 24 ou de 48 heures.

Le cannabis, les opiacés et autres drogues (la cocaïne, par exemple) sont également fréquemment impliqués dans les cas d'agression commis sous l'influence d'une substance, avec ou sans GHB/GBL. Il n'est pas rare que les agresseurs mixent différents produits.
Dans certains cas, l'alcool est l'unique substance psychoactive décelée à l'origine de la soumission chimique.

Les autres usages détournés du GHB 

  • Certains culturistes utilisent le GHB pour ses qualités euphorisantes et pour ses prétendues propriétés anabolisantes.
  • Dans les milieux récréatifs nocturnes, en particulier dans le milieu « Gay », il est apprécié comme substitut aux amphétamines et à l’ecstasy, pour ses effets d’amplification des sensations physiques et tactiles ainsi que la stimulation du désir sexuel.

Evelyne JOSSE
Psychologue, psychothérapeute

Source : GHB, GBL et autres drogues du viol et d’escroquerie : effets, conséquences et prévention, Evelyne Josse, sur :
http://www.resilience-psy.com/spip.php?article520
Adaptation réalisée par Thierry DEROUA