Enseignants, moniteurs sportifs, policiers, agents des transports publics, peuvent être confrontés à la colère d’un adolescent ou d’un jeune adulte aux comportements parfois violents. Avant de pouvoir réagir adéquatement, décoder est une étape clé.
La colère : de quoi parle-t-on ?
La colère est considérée comme une émotion secondaire qui se traduit par une puissante réaction, un état affectif violent et passager, déclenché par une blessure physique ou psychologique, des émotions négatives telles qu’un sentiment d’agression, un manque, une frustration, de la douleur, de la solitude, de la peur, du rejet, de la jalousie, de la déception, de l’humiliation ou encore de la dépression. La colère s’accompagne habituellement de réactions vives, brutales ou agressives d’intensité variable entrainant des manifestations physiques ou psychologiques qui peuvent s’exprimer, mais également être contenues ou dissimulées.
La colère est une émotion active qui vise quelque chose ou quelqu’un voire le jeune lui-même. Un ado furieux menace, attaque, insulte, et/ou passe à l’acte en cassant des objets, ou en agressant physiquement une personne. Lorsque la colère est contenue, il peut rester dans un refus silencieux de répondre à une consigne, ou se montrer insolent ou sarcastique. La colère peut également être dirigée vers lui-même en se dévalorisant, en se mettant dans des situations à risque voire dangereuses, en se mettant en échec scolaire, ou encore en déprimant.
La confrontation ou la fuite
Face à un ado qui explose, la réaction provoquée chez l’adulte peut être aussi puissante que la colère du jeune. Crier plus fort ou entrer dans une escalade de violence sont parfois les seules solutions qui viennent à l’esprit. Malheureusement, elles ne sont pas efficaces et renforcent la plupart du temps les sentiments négatifs qui génèrent la colère. Une fois le cercle vicieux installé, il est bien souvent difficile d’en sortir.
Une autre stratégie inefficace est l’évitement. La peur générée par les crises de colère du jeune intimidera l’adulte, qui n’osera plus le contrarier ou assurer son autorité. Ce cadre peu structuré où les limites ne sont plus posées peut faire peser un risque sur les personnes en contact avec le jeune, adultes ou autres adolescents présents dans la situation.
L’utilité du sentiment de colère
Il ne faudrait pas tomber dans le piège consistant à vouloir annuler voire faire disparaître la colère chez les adolescents. Elle n’est pas synonyme de nocivité et est même souhaitée chez les jeunes qui sont victimes et vivent des situations d’injustice à répétition. Elle s’avère en effet très utile pour inciter à mettre des limites ou à prendre des mesures appropriées pour diminuer les sentiments négatifs qui la provoquent. Un garçon qui parvient à s’opposer à celui qui l’offense ou une jeune fille qui se dresse contre ses camarades qui se moquent d’elle, ont tous deux été motivés par la colère pour agir et tenter de trouver des stratégies pour mettre un terme à leur souffrance.
Identifier les causes pour mieux comprendre la colère et la gérer
Dans la majorité des situations, le jeune ne sait pas pourquoi il explose et les changements hormonaux majeurs qui ont lieu à l’adolescence compliquent davantage les choses. Sa réaction aux sentiments négatifs est trop rapide et trop extrême pour lui permettre d’en identifier les déclencheurs. Il devient insensible à toute autre chose et refuse d’admettre qu’elle est mue par d’autres émotions, bien souvent difficiles à accepter.
L’enjeu pour l’adulte sera d’aider le jeune à reconnaître ses émotions négatives et ses sentiments et de l’aider à les maîtriser. Pour y parvenir, il devra faire preuve d’empathie et tenter de décoder le message du jeune. Comprendre les déclencheurs de la colère chez l’autre nous permet la plupart du temps, de la court-circuiter et de réagir de façon plus appropriée à ses difficultés.
Comprendre ne signifie pas tout accepter
Dans certaines circonstances, la colère, bien que nous puissions la comprendre et décrypter la situation qui l’engendre, reste le reflet d’une grande immaturité psychologique et c’est la puissance de la réaction engendrée par cette colère qui n’est pas acceptable. Le simple fait que l’adulte mette une limite en s’opposant à cette réaction violente est vécu comme une attaque profonde par le jeune, une négation de soi, ce qui potentialise encore plus les risques de passages à l’acte agressifs.
Afin de ne pas tomber dans ce piège, une première étape cruciale, en tant qu’adulte confronté à une telle situation, sera de reconnaître le sentiment de colère tout en le différenciant des comportements violents qui en résultent et auxquels il s’oppose fermement. Ressentir sa colère n’est pas égal à laisser éclater sa colère.
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Mélanie SAEREMANS
Psychologue-Psychothérapeute
Références :
https://pdf4pro.com/amp/view/crise-de-col-232-re-mod-232-le-d-un-rapport-d-incident-1bea65.html
https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=communication_non_violente_th